Lundi 6 juillet 2009 (2)
Jeudi 2 juillet 2009 (21e jour)
Statistiques globales :
Distance parcourue : 943,58 km
Temps de deplacement : 61h27
Vitesse moyenne : 15,4 km/h
Statistiques du jour :
Distance parcourue : 115,98 km/h
Temps de deplacement : 6h57
Notes :
Le chemin a ete vraiment difficile aujourd'hui. Malgre le ciel lourd de nuages, la temperature s'elevait a 25 degres. J'ai longtemps traverse la foret sur des chemins de gravier. Une forte averse m'est tombee dessus alors que je gravissais une cote de d'une dizaine de km. Le tonnerre grondait, menacant, sans jamais eclater vraiment.
Je suis arrive dans un camping a Dolni Sedilste, en Republique Tcheque. Le contraste entre l’Allemagne et la Republique Tcheque est frappant . Evidemment, je n’ai pas encore suffisamment parcouru le pays pour en avoir une idee plus globale. Mais on constate tout de suite la difference de richesse entre les deux pays. La plupart des habitants des premiers villages que j’ai croise vivent dans des HLM. A part les routes principales, les autres sont en mauvais etat. Les bus ont au moins une bonne vingtaine d’annees.
En revanche, le premier contact avec la population a ete tres chaleureux. Le premier s’est produit a mon arrivee au camping. Il est tenu par une famille. J’ai d’abord eu affaire a la fille, environ 17 ans, qui parlait anglais. J’ai du aller retire de l’arger au distributeur de billets le plus proche situe a 7 km.
A mon retour, j’ai eu affaire au pere qui ne parlait pas anglais mais italien. Avec un peu d’espagnol et de francais, le tout a la sauce italienne, on a reussi a se comprendre sans trop de probleme. Je lui ai demande ce qu’il etait possible de manger. Il m’a repondu des saucisses cuites au feu de camp avec du pain. Je suis parti ensuite monter la tente et prendre une douche.
La grand-mere voulait savoir d'ou je venais, si j'avais tout fait a velo, si je n'etais pas triste de voyager tout seul. On communiquait du mieux qu'on pouvait avec un petit peu d'anglais et beaucoup de signes. C'est une adorable femme et une famille tres gentille.
Je lui ai demande si elle voulait bien me traduire quelques mots en tcheques. Elle a note dans mon carnet les mots suivants :
Bonjour : Masdar ou ahoije (salut) ou dobrov den (den = jour prononcer denn)
Au revoir : Dobrý den ou nashdelaxiov (salut)
Bonne nuit : dobrov noc (noc = nuit et prononcer notch)
1 : sedna
2 : dve
3 : tři ("tchtri")
4 : čtyři (Pietr")
5 : pět ("piet")
6 : šest ("tchest")
7 : sedm ("sedmm")
8 : osm ("osmm")
9 : devě ("deviet")
10 : deset
C'est un debut... Je n'ai pas ose trop insister pour ne pas l'ennuyer. Le pere m'a apporte ma saucisse avant qu'elle ne brule. La mere nous a rejoint et nous avons mange ensemble. J'ai appris que la grand-mere avait ete prof d'economie. Apres avoir mange, je les ai quitte en leur souhaitant "dobrov noc". Je me suis ensuite glisse sous la tente.
Je suis content d'etre ici. Je les trouve vraiment sympathiques.
Samedi 4 juillet 2009 (22e jour)
(14h40)
Je fais une pause a une terrasse. C'est une petite cour dont une partie est couverte par un preau fixe, a partir de deux murs, monte sur du bois et recouvert par des tuiles. C'est tres rustique. Le soleil brille mais on entend le tonnerre gronder au loin. Je suis assis a l'ombre du preau. Une femme, dans la quarantaine, est assise au soleil, presque en face de moi. Le seul bruit qui brise le silence provient d'un vieux transistore invisible emettant une musique rock au son lointain et parasite. J'ai l'impression d'etre dans une scene de film au plan fixe, ou rien ne se passe.
(17h17)
Apres 995 km de route, j'ai fait ma premiere chute, dans la foret. J'ai traverse une partie boueuse du chemin un peu trop rapidement. Les pneus ont instantanement patine et j'ai glisse sur le flanc gauche. Pas une seule egratinure, juste plein de boue sur le cote. Le velo, que j'avais minutieusement decrasse la veille, etait a nouveau plein de boue.
Cela fait quatre jours a present que je suis a la frontiere de l'orage et du beau temps. J'ai traverse des forets et des routes de la campagne profonde. Vers 16h30, j'ai commence a localiser les hebergements a proximite. Le plus proche situe sur ma route se trouvait a 44 km. Autrement, il fallait que je revienne 20 km en arriere. Je n'avais plus d'eau, ni de nourriture. Sur le chemin, j'ai du m'arreter pres d'un cerisier afin d'en cueillir les fruits. Ils n'etaient pas tout a fait murs mais suffisamment pour me desalterer et me rassasier temporairement.
La situation devenait stressante. Le chemin etait fort vallone. J'en avais pour 4 heures pour de coups de pedale, sans etre sur qu'il reste de la place. L'orage menacait d'eclater a tout instant. De longs eclairs apparaissaient au loin. J'imaginais etre contraint de planter la tente quelque part dans un sous-bois ou une clairiere, sans eau ni nourriture jusqu'au lendemain. Quelques km plus loin, j'ai croise une pension. Je suis alle voir, c'etait complet. Le proprietaire m'en a indique une autre 2 km plus loin. Je suis alle jusque la... ferme. Le tonnerre se rapporchait. Je commencais a desesperer. Tout pres de la pension j'ai vu une pancarte indiquant une terrasse et sur laquelle etait inscrite le mot "hospace", qui semblait avoir une orgine latine similaire au mot hospice, donc un hebergement possible.
L'endroit etait tenu par un couple. J'ai demande s'il etait possible de dormir. Ils m'ont repondu par la negative. Ils m'ont alors indique la premiere pension que j'avais visite. Je leur ai dit "full".
Il semblait n'y avoir rien d'autre a proximite. Le desespoir transformait mon visage avec l'orage qui devenait plus menacant que jamais. L'homme m'a alors dit d'attendre. Il est parti quelques minutes. Il a entame une discussion avec sa femme. Celle-ci avait l'air de protester. D'apres ce que j'ai pu comprendre, en observant leurs expressions, leur gestuelle et leur intonation de voix, c'est qu'il y avait une possibilite de me loger apres avoir regle quelque chose. L'homme paraissait insister en argumentant qu'ils n'allaient tout de meme pas me laisser dehors par un temps pareil. C'est en tout cas ce que j'ai interprete. Mais peut-etre n'etait-ce que la projection de ma pensee. Quoiqu'il en soit, la femme s'est tournee vers moi et m'a dit : "twenty minuts". L'homme m'a alors propose une biere que j'ai accepte avec plaisir et soulagement.
Je suis sorti la boire sur un bamc, a l'abri de la pluie. L'orage se dechainait. Une femme avec son bebe m'a demande si elle pouvait s'asseoir. J'ai dit oui mais elle ne semblait pas comprendre. J'ai alors dit que je ne parlais tcheque. "Where are you from ?" m'a-t-elle demande. "From Belgium but I'm Spanish" lui ai-je repondu. "Habla espanol?" J'ai aquiesce et nous avons entame une conversation en espgnol. Elle m'a raconte qu'elle avait appris cette langue a Madrid ou elle avait termine une these de doctorat en anthropologie deux ans plus tot, qui portait sur les courants migratoires du Mexique vers les Etats-Unis. Elle travaillait a present a l'universite de Sao Paulo, au Bresil.
Nous avons continue a discuter. Elle m'a demande mon avis sur le pays. Je lui ai fait savoir que ca me faisait beaucoup penser a la Galice, au niveau des paysages, de la campagne, de l'ambiance avec les personnes. Elle etait tout a fait d'accord avec moi. Elle connaissait cette province de l'Espagne car elle etait sortie avec un Galicien quelques annees plus tot.
Nous nous sommes ensuite presentes. Elle s'appelle Katarina et sa fille Mariana. Voyant que nous discutions, la femme de la pension lui a demande de jouer les interpretes. Elle lui a informe que ma chambre etait prete. J'ai quitte mon interlocutrice et je suis parti installer mes affaires dans la chambre.